On ne combat pas la violence par la violence: message d’une cavalière en détresse

 

La colère, la haine et la violence n’ont jamais rien construit de positif ou encore de constructif. Et c’est probablement la raison qui me pousse à écrire aujourd’hui et qui, paradoxalement m’a tant retenue d’écrire les derniers temps.

Le dernier temps j’ai assisté à tant de douloureux spectacles de comportements de maltraitance par des cavaliers à l’égard de leurs chevaux que j’ai du mal à coucher sur papier un message positif et constructif et c’est pourtant ce que je m’apprête à faire dans les lignes qui suivent.

Je crois en effet à la force du bon exemple, je crois à la force d’une révolution pacifique et positive et je crois surtout dans un avenir plus heureux pour nos chevaux de loisir et de compétition.

Pourtant, le dernier temps je dois vraiment m’efforcer de ne pas perdre de vue ces croyances et ces valeurs qui guident mon existence de cavalière. Ces valeurs qui me sont si chères: l’ouverture d’esprit, le respect, la bienveillance, la tolérance et la volonté de comprendre l’autre. Je dois également m’efforcer de ne pas perdre confiance en cette équitation saine et bienveillante pour les chevaux, mais aussi de me faire confiance et de ne pas avoir peur que tous ces comportements déteignent sur moi. Ou encore de ne pas perdre confiance dans mes intentions et dans les raisons qui me poussent à faire telle ou telle action lorsque je suis à cheval et de ne pas me sentir coupable pour petit un coup de cravache qui avait tout son sens et qui a aidé mon cheval à mieux comprendre ce que je lui demandais…

Néanmoins, je pense aussi qu’il est nécessaire de dénoncer, de pointer du doigt les comportements inadaptés, inappropriés, indésirables mais pas n’importe comment. Les dernières semaines, j’ai consacré beaucoup d’énergie à réfléchir à la solution qui serait le plus susceptible de produire un changement positif pour le cheval. Car après tout, c’est d’abord pour ces chevaux opprimés, battus, détruits mentalement et physiquement que je m’inquiète et que je me sens révoltée.

Je pense tout d’abord qu’il est d’une importance capitale de discerner entre un comportement et une personne, son identité. Pensez à un feedback qu’il vous est arrivé de donner ou de recevoir, d’ailleurs pour vous ou la personne à laquelle celui-ci s’adressait, davantage vécu comme un jugement: “Tu es une brute”. Automatiquement, la personne se braque car l’on atteint son identité propre, se personnalité. Il est bien différent de dire ” je trouve que le comportement x que tu as eu avec ton cheval est brutal” car à ce moment on parle d’un comportement et un comportement bien qu’il ait eu lieu peut ou non être reproduit dans le futur.

Ainsi il est possible de le corriger assez facilement tandis que changer son identité, sa personnalité est, dans l’immédiat impossible. Ainsi parler d’un comportement a bien plus de sens et est bien plus constructif.  Donc, je pense qu’il est important de faire attention aux mots et aux expressions que l’on utilise lorsque l’on veut communiquer un ressenti à quelqu’un d’autre. Je pense d’ailleurs que communiquer intelligemment peut nous apporter bien des choses que nous n’auront jamais en ne réfléchissant pas au sens de ce que nous communiquons aux autres et à l’impact que cela peut avoir sur eux mais aussi sur nous-mêmes.

Bien communiquer, c’est créer une ouverture, la possibilité d’un dialogue et donc le début d’un questionnement. Voilà pourquoi je m’évertue à ne pas à mon tour agresser les cavaliers que je vois agresser leurs chevaux, je pense que ça ne sert à rien. La violence crée de la violence et cela ne nous avance à rien.

Je ne pense pas pour autant qu’il ne faille rien dire mais je pense qu’il est important de réfléchir à la façon de le dire afin de maximiser nos chances d’ouvrir le dialogue plutôt que de le fermer pour toujours. Je pense qu’il est ainsi plus intéressant de questionner plutôt que d’agresser et d’accuser ouvertement les personnes ou leurs comportements. Il est nécessaire de prendre en compte le fait que la personne qui produit ces comportement a aussi un vécu relatif à ce qu’elle met en oeuvre. Et je pense qu’il peut être plus constructif de questionner ce vécu que de l’ignorer. Fatalement, cette personne souffre elle aussi de grands problèmes de communication avec son cheval mais probablement avec son entourage aussi.

J’ai en effet pu remarquer que la plupart du temps, les personnes reproduisent les mêmes schémas de comportements et de communication avec les humains que ceux qu’ils ont avec leurs chevaux. Ils se sentent souvent incompris, jugés, victimes des autres. Or, je pense que souvent ils sont victimes de leur propre communication avec le monde extérieur. Et ce monde extérieur, chevaux et humains et surtout leurs comportements vis-à-vis de cette personne et de sa communication sont un reflet violent. Bien évidemment ces styles de communication sont liés à de multiples variables environnementales et psychologiques de la personne. Je ne pense forcément que l’on choisi à priori la façon dont on s’exprime et on communique. Il s’agit d’un reflet du vécu intérieur des personnes en premier lieu.

Deux possibilités existent, continuer l’escalade de mauvaises communication, et se sentir de moins en moins bien, de plus en plus frustré  et seul ou bien en prendre conscience et changer. La deuxième solution est évidemment la moins facile à mettre en oeuvre, mais à mon sens la véritable clé d’un bien-être plus grand. Je pense qu’il est important de donner la chance aux personne de choisir pour la deuxième solution tout en sachant qu’il s’agit pratiquement d’un sacrifice car ce choix implique de renoncer et de remettre en question tout un système de croyances personnelles erronées certes, mais qui créaient du confort pour la personne.

Enfin après cette petite réflexion sur nos façon de communiquer, j’ai envie de vous dire de continuer si non d’essayer de communiquer intelligemment en favorisant le dialogue, l’ouverture et les questionnements par rapport aux rapports que les personnes ont non seulement à leurs chevaux mais aussi au monde. Je pense en effet que parler de rapports est plus juste que de relations dans ces cas là car une relation est à mon sens un lien fort qui repose sur une certaine base de confiance qui à mon sens n’est pas au rendez-vous dans des situations de maltraitance. Aussi fort que les personnes qui commettent ces comportements puissent y croire, et aussi gentils que les chevaux puissent se montrer, je ne pense pas qu’ils se fassent confiance. Certainement pas lorsque la douleur est au rendez-vous quotidiennement.

J’ai envie de terminer en vous demandant de continuer à vous exprimer au moyen de votre belle équitation, de vos magnifiques relations avec vos chevaux et vos humains. J’ai envie que grâce à cette petite touche de magie que seuls les couples qui connaissent un véritable bien-être et une vraie confiance mutuelle, certaines personnes aient envie de comprendre comment cela fonctionne et aient envie de remettre en question leurs comportements.

Je ne pense pas que se taire soit une solution, par contre je pense que le poids d’un message positif est inestimable à côté de celui d’un message négatif et pessimiste. Il est important de diffuser le message que le changement est possible et qu’il ne peut être que bénéfique pour n’importe quel cavalier ou cheval.

Et quand je vous écris cet article d’apparence rose et peut-être trop positif, oui, il m’arrive trop souvent de penser, comme si c’était une forme de trauma pour moi, à tous ces chevaux que je vois souffrir au quotidien: des traces d’éperons sur les flancs, des bouches ouvertes, des boiteries que personne ne veut accepter de voir, des cris silencieux, des yeux éteints… oui j’y pense, bien trop souvent… Et puis, je m’efforce de penser à d’autre choses plus heureuses, des chevaux et cavaliers plus heureux grâce à une équitation saine en intentions et en actions. Et je me dis que ce combat en vaut la peine!

 

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